Une Porsche 550 Spyder au départ

Pour la première fois, une authentique Porsche 550 Spyder sera au départ du Tour de Corse Historique. Si tout a été écrit sur ce modèle légendaire, l'histoire du châssis numéro 137 en surprendra plus d'un...

Son concept est simple, mais pourtant révolutionnaire : un moteur 4 cylindres peu puissant (135 ch), une carrosserie fuselée comme un avion et un ensemble léger (570 kg) grâce à l'utilisation d'aluminium. La Porsche 550 Spyder a tout gagné dans la catégorie Sport 1.5, notamment les 24 Heures du Mans et la Carrera Panamericana en 1954. Elle a même devancé les grosses cylindrées à la Targa Florio en 1957, ce qui lui a valu d’être surnommée la « Giant Killer » (Tueuse de Géants).

De ces victoires, sont nés les suffixes Carrera et Targa, devenus des classiques de la fameuse 911. Son influence sur la gamme actuelle de Porsche reste d’ailleurs indéniable, comme en témoigne l’appellation « Spyder » utilisée pour une déclinaison du modèle 718, symbole actuel du savoir-faire germanique.

Au-delà de son palmarès, le mythe de la 550 Spyder réside aussi dans sa rareté. Beaucoup de copies, mais seulement 90 vraies, que Porsche ne destinait qu'à des connaisseurs triés sur le volet. Parmi eux, un certain James Dean qui, le 30 septembre 1955, se tuait au volant du châssis numéro 55 sur la route de Salinas où il devait disputer une course. En emportant le héros de La Fureur de Vivre, le véhicule devenait le symbole de l'esprit cool, teinté de romantisme tragique.

Un châssis au destin hors du commun

Le modèle présenté au Tour de Corse Historique possède, lui aussi, une histoire étonnante et un commanditaire de premier ordre, son achat ayant été financé par... Le maréchal Tito ! Le dictateur avait pris cette décision en 1957, à la suite d’un reportage diffusé aux actualités yougoslaves, dans lequel il avait pu constater l'impuissance du pilote local Milivoje Božić à rivaliser face à des rivaux mieux armés que lui et son antique BMW 328. La Porsche 550 Spyder, châssis 550A-0137, fut ainsi livrée au début de l’année 1958… Trop tard pour rivaliser avec les nouvelles Porsche 1500 RSK.

Milivoje Božić réussira quand même quelques coups d’éclat, comme cette 3e place décrochée au Grand Prix Supercortemaggiore de Monza en 1959, malgré le handicap de n’avoir qu’un seul jeu de pneus pour couvrir les 1 000 km de course. Cette performance remarquable arrivera jusqu’aux oreilles du chef de la compétition chez Porsche, lequel offrira au pilote une révision complète de sa voiture, ce qui lui permettra de continuer à courir encore deux années et de remporter le championnat d'Europe de la Montagne dans sa catégorie en 1960.

Accidentée en 1961, la Porsche 550 Spyder est échangée par son propriétaire, le Club Auto Moto de Yougoslavie, avec un collectionneur italien contre... Une Fiat 850 ! Toujours conservée en Italie, l’auto ne sort désormais que très rarement et pour cause : sa valeur dépasse les 3 millions d’euros.

Photos : La Porsche 550 Spyder, chassis 550A-0137, commandée par Tito et pilotée par le Yougoslave Milivoje Božić entre 1958 et 1961.